mercredi 24 décembre 2014

Scène 12

Chapitre 1 : Une nouvelle vie
scène 12



Caevanne souhaitait à présent retrouver sa chambre et traversa le couloir plongé dans l’obscurité pour s’y rendre. Au moment où elle s’apprêtait à prendre l’escalier, une voix familière l’arrêta.
-Tu peux venir avec moi à la forge ? Je voudrais te parler.
Se retournant, Caevanne devina la silhouette de Thilas dans la pénombre. Il venait de sortir d’une des pièces adjacentes au couloir. La jeune elfe comprit que ce devait être sa chambre et, s’approchant, elle se demanda ce qu’il pouvait avoir à lui dire.
-Suis moi, la forge est à côté de l’écurie.
Sans perdre de temps, Caevanne lui emboîta le pas et tout deux traversèrent la cuisine déserte.
S’arrêtant devant la porte d’entrée celui-ci se tourna vers la jeune elfe. C’est à cet instant que Caevanne ressentie une étrange sensation, un bourdonnement presque inaudible résonner à ses oreilles.
Un regard jeté en direction de Thilas lui confirma qu’il ne semblait pas l’avoir remarqué.
-Il ne vaux mieux pas que Jolianne m’entende parler de ça, dit-il tout bas, elle s’énerve toujours très rapidement quand j’aborde le sujet.
La jeune elfe ne l’écoutait plus, elle essayait en vain de trouver l’origine du faible vrombissements qu’elle percevait.
-Tu sais, je pense qu’elle me cache quelque chose, poursuivit Thilas qui ne paraissait toujours pas y prêter la moindre attention.
Il ouvrit la porte d’entrée et s’engagea dans la cours baignée de lumière.
Caevanne l’entendit reprendre son explication mais sa voix lui semblait lointaine et la jeune elfe portait à présent toute son attention sur ce sifflement qui ne cessait de s’intensifier. Elle posa sa main sur son front.
-ça ne va pas? lui demanda finalement Thilas.
Prise d’un faible vertige, celle-ci s’appuya contre le mur de l’auberge.
-Je ne sais pas, je dois être un peu fatiguée.
En vérité, cette sensation la préoccupait beaucoup ; jamais Caevanne n’avait ressenti quelque chose de semblable jusque-là.
Dévisageant Thilas, elle s’attendait à ce qu’il lui dise d’aller se reposer, qu’ils pourraient revenir plus tard mais celui-ci resta là observer, le regard étrangement absent.
Hésitant un instant, Caevanne s’engagea à son tour dans la cour.


Arrivé au niveau de l’écurie, celui-ci s’arrêta de nouveau et désigna du doigt un des grands chevaux noirs qui leur faisaient face.
-C’est pour lui qu’Ogan m’a demandé d’aller à la forge, son propriétaire dit qu’il boîte et je pense que c’est à cause de l’usure de ses fers. Il veut qu’on les lui remplace avant son départ, demain matin.
Sans s’étendre d’avantage en explications, Thilas se dirigea vers le fond de la cour.


Tout deux se trouvaient maintenant devant ce que Caevanne avait, à première vue, perçu comme un recoin sombre et abandonné de la cour.
L’espace dans lequel ils venaient d’arriver était à peine plus grand que la cuisine, le sol y était en terre battue.
Une enclume se trouvait en son centre et Caevanne remarqua également de nombreux outils métalliques accrochés un peu partout sur  les murs noircis d’une épaisse couche de suie.
Thilas s’arrêta et sorti quelque chose de sa poche.
-Regarde, c’est ce que je voulais te montrer.
Il lui tendit une broche qu’elle examina avec curiosité. Elle était en argent, finement ouvragée. Caevanne reconnu le travail des elfes.
-C’était à ma mère, expliqua Thilas.
Son changement d’attitude était étrange, il semblait soudainement très grave et ne lâchait pas Caevanne des yeux.
-Je n’en ai jamais vu de comme ça, là où j’étais, souffla-t-elle. Peut-être que ça vient de l’île principale, des grandes villes.
-Tu crois ? répondit-il en empoignant le maillet contre le mur. Et tu n’as jamais pu aller là-bas ?
Comme Caevanne l’avait deviné, ce sujet paraissait très important pour lui et, à cet instant, la jeune elfe aurait aimé pouvoir lui en apprendre d’avantage.
-Non, j’en ai simplement entendu parler.
Elle devina chez lui une légère frustration qui se volatilisa lorsqu’il reporta toute son attention sur le fer qu’il tapait à grand coup de maillet.
Le regardant travailler le métal rougeoyant, la jeune elfe repensait à ce qu’il venait de lui montrer, la broche de sa mère.
Elle se demandait qui cette femme pouvait être, et ce qui avait bien pu se passer pour que tout deux se retrouvent séparés.
Plongée dans ses pensées, elle ne remarqua pas tout de suite que Thilas s’avançait vers elle, tenant entre ses gants en cuirs le fer à cheval encore fumant.
-Voilà, je vais les donner à Ogan quand il rentrera. On ferait bien d’y aller, c’est une vraie fournaise ici.
Tout deux arrivèrent dans la cuisine où se trouvait Jolianne, affairée à préparer le repas du soir. Elle remarqua leur présence et fit signe à Caevanne de venir la voir.
-J’aurai besoin de ton aide pour écailler le poisson de ce soir. Je suppose que tu sais comment t’y prendre, non ?
C’était évidemment une activité que la jeune elfe pratiquait presque tout les jours avec son père lorsqu’il rentrait du port. Caevanne était ravie, elle allait pouvoir se rendre utile.
-Oui, bien sûr !
Lorsque Thilas disparu dans le couloir, Jolianne se rapprocha discrètement d’elle et parla si bas que la jeune elfe dût se pencher pour l’entendre.
-J’ai bien réfléchit à ce qu’on s’est dit tout à l’heure. J’ai beaucoup de choses à faire en ce moment mais je pense qu’on va pouvoir se débrouiller, ajouta l’humaine.
Caevanne était vraiment reconnaissante auprès de Jolianne car, à présent qu’elle était résignée à rester là, la jeune elfe souhaitait plus que tout comprendre les discussions qu’il pouvait y avoir autour d’elle. L’humaine sembla d’ailleurs remarquer son enthousiasme.
-Je suis contente que ça te fasse plaisir, lui-dit-elle, retient cependant qu’il va falloir que tu te lèves un peu plus tôt que d’habitude si tu veux qu’on ait le temps de faire quelque chose !
La jeune elfe avait l’impression d’avoir retrouvé sa mère. Avant que d’autres souvenirs ne la rattrapent, elle pris l’un des poissons qui remplissaient la corbeille, s’équipa du couteau que Jolianne lui tendait et se mit au travail.

Fin du premier chapitre

vendredi 17 octobre 2014

Scène 11

Chapitre 1 : Une nouvelle vie
scène 11


Lorsqu’elle arriva dans la cuisine, une agréable odeur de poison grillé provenant de la cheminée enveloppa la jeune elfe. Remarquant leur présence, Jolianne se tourna vers eux, un grand sourire au lèvres.                            
-Merci à vous deux, les réserves commençaient vraiment à s’épuiser. Alors? Dis moi comment as-tu trouvé Albar ?
L’air interrogateur de Caevanne amusa la jeune femme.
-C’est le nom de la ville ! elle se tourna vers Thilas, tu ne lui as pas dit?
Le jeune elfe fit la moue mais Jolianne avait déjà reporté son attention sur Caevanne.  
-L’endroit est très joli et surtout très grand, je n’ai jamais vu un marché comme celui-là.
L’humaine sourit, l’air satisfait.
-Je suis contente que tu te sentes bien ici. Installez vous, je vais chercher Ogan pour le repas.
Acquiesçant d’un signe de tête, Caevanne prit place aux côté de Thilas à la petite table de la cuisine.
Au moment où Jolianne disparut dans le couloir, la jeune humaine aux cheveux blonds arriva de la grande salle. “Leonna”, se rappela la jeune elfe.
Celle-ci s’approcha du feu et retira le plat. Elle le déposa en bout de table alors qu’Ogan arrivait dans la pièce, suivit de sa femme, Jolianne. L’homme interpella la servante dans la langue locale et désigna la grande salle du doigt. Leonna prit une cruche de vin et disparu dans la pièce voisine. Caevanne entendit plusieurs voix et rires, c’étaient des clients. La jeune humaine réapparut et prit de nouveau place à la table.
Comme Thilas, la jeune elfe entama la soupe de poisson qu’on lui avait servie.
-J'imagine que tu mangeais pas mal de poisson, là bas, non?

C’est Jolianne qui venait de l’interroger.
-Oui, mon père était poissonnier, lui répondit Caevanne.
La jeune elfe se rendit compte qu’elle n’avait pas spécialement envie de parler de sa vie sur l’île. Elle allait désormais vivre ici.
Caevanne plongea son regard dans son bol face à elle et, à son grand soulagement, Jolianne ne lui posa pas de nouvelles questions.
Assis en bout de table, Ogan avait l’air préoccupé. Il se tourna vers Thilas et prit la parole.
Caevanne l’écouta parler, imaginant ce qu’il pouvait dire.
Contrairement à l’elfique, chacune des syllabes étaient appuyées et distinctes. Cela rendait son ton lourd, beaucoup moins fluide que sa langue, presque pesant. Peu être que cette impression ne venait que de la façon dont parlait Ogan, de sa voie grave et lente?
La jeune elfe ne fut pas mécontente de reconnaître dans ses phrases quelque mots qu’elle avait entendu un peu plus tôt au marché.
Ogan avait l’air grave, ce qu’il disait devait être très important et Caevanne regretta de ne pas pouvoir le comprendre. Jolianne prit la parole à son tour, elle semblait appuyer ce que disait Ogan.
La jeune elfe eut beau se concentrer sur le ton de leur voie, sur les expressions de leur visage, elle ne devinait rien de ce qu’ils pouvaient dire.
Contrariée, Caevanne se jura intérieurement de comprendre cette langue le plus vite possible. Après tout, si elle avait appris dès huit ans la langue des anciens elfes, en assimiler une nouvelle à presque quinze ans était tout à fait envisageable.
Peu après le repas, Caevanne s’attarda dans la cuisine et Jolianne lui raconta ce que Ogan leur avait dit.
-Quelques jours avant que tu arrives, Ogan a retrouvé d’anciennes connaissances, des marchands avec qui il a beaucoup voyagé il y a une vingtaine d’années.
Jolianne lui fit signe de s’asseoir et reprit son récit.
Au moment où son père, Bhram, est mort, lui et moi nous sommes installés ici, à l’auberge. Contrairement à ses compagnons de voyage,  Ogan n’a pas eu l’occasion de devenir un marchand aux services de la citadelle.
L’humaine fit une pause avant de conclure.
-Ogan leur a beaucoup parlé et, d’ici un mois ou deux, nous aurons peut être la chance de nous installer là-bas, nous aussi.
Se réjouissant de leur éventuelle réussite, Caevanne se demanda cependant ce que pouvait en penser Thilas.
La jeune elfe n’eut pas le temps d’y réfléchir d’avantage, Jolianne l'interpellait de nouveau.
-J’aurai maintenant une proposition à te faire.
Caevanne attendit sans comprendre.
-Tout à l’heure, je t’ai observé pendant qu’il parlait et tu n’avais pas l’air d’aller très bien. J’imagine que les derniers jours n’ont pas dû être faciles pour toi mais je pense que tu dois passer à autre chose, je pense que ta vie est ici maintenant.
Jolianne s'arrêta, elle la regardait droit dans les yeux.
-Je vais t’apprendre notre langue.
Pour la première fois depuis son arrivée, un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune elfe.

samedi 4 octobre 2014

Scène 10

Chapitre 1 : Une nouvelle vie
scène 10



Le jeune elfe désignait du doigt une île qui se trouvait au nord, à l’autre extrémité de la baie. Une muraille se dressait au dessus des falaises à la hauteur vertigineuse. Non loin à l’est de la ville, un immense pont de pierre permettait de se rendre jusqu’à l’île.
Là-bas se trouvait une large porte d’un bois sombre encadré par deux grandes tours de gardes.
Au centre de l’île, Caevanne aperçu une multitude de tourelles et d’habitations sur plusieurs étages. Une étrange structure se trouvant légèrement à l’écart, près de la falaise, arrêta la jeune elfe. Son architecture ne ressemblait en rien à celle des autres. Elle remarqua notamment l’étrange forme arrondie de la toiture et, face à la mer, se trouvait là une grande terrasse soutenue par de gigantesques colonnes blanches.
Un autre élément attira le regard de Caevanne. Derrière ce regroupement de tours et de hauts bâtiments dominait un édifice plus grand encore. Caevanne devina, c’était la citadelle.
-Le compte dirige aussi cette île?                                                                                                                    
Elle comprit, au regard agacé de Thilas, qu’il fallait éviter de revenir sur ce sujet trop souvent.
– Même si c’est pourtant le descendant des fondateurs d’Albar, le compte Glen n’a aucun pouvoir sur la citadelle. Il est cependant à la tête d’une assemblé qui siège dans  la tours que tu as vus tout à l’heur.
Longeant les quais, Caevanne le questionna à nouveau.
-Il y a donc un autre homme qui dirige la citadelle?
Thilas afficha un sourire étrangement sarcastique.
-On ne sait pas vraiment. Le seul représentant de la citadelle qui vient jusqu’ici, c’est Dalin, un viel homme. Il devait être là quand vous êtes arrivée hier soir, non?
Caevanne revit le magicien au visage pâle.  
-Je crois que oui, c’est lui qui nous a réparti dans la ville.
C’était surprenant de voir ce personnage, semblant si faible et fatigué, diriger toute la troupe de soldats.
-On ne sait pas beaucoup de choses sur l’endroit, les habitants ont l’interdiction de s’y rendre sans autorisation spéciale, il est très difficile d’y aller.
Caevanne aurait voulu en apprendre d’avantage sur la ville mais le silence de son guide l’intimida. Il continuèrent la marche sans reprendre la parole.
En l’observant, elle remarqua qu’il semblait absent, son regard songeur flottait loin devant eux. La jeune elfe se demanda à quoi pouvait il bien penser. Portant de nouveau son attention sur l’île, une multitude de questions envahirent ses pensées.

dimanche 21 septembre 2014

Scène 9

Chapitre 1 : Une nouvelle vie
scène 9


La grande rue continuait de descendre en pente douce quand, enfin, Caevanne aperçut devant eu les premiers étalages du marché. S’arrêtant un instant, elle observa de  petites cages dans lesquelles étaient enfermés des oiseaux exotiques aux couleurs et aux pépiements les plus étranges. L’un était bleu turquoise avec un bec arqué, un autre avait de longues plumes violettes et la fixait de ces yeux verts. Celui qu’elle préférait, était tout petit, de la taille d’un poing, il avait un plumage orange, une forme rondouillarde et poussait un petit cri joyeux. Attendrie, Caevanne ne put s’empêcher de sourire, elle le trouvait vraiment mignon.
-C’est un Rondoglun a col nacré. Pour les superstitieux cet oiseau porte chance. lui expliqua Thilas.
Un marchand qui leur faisait face vendait de curieux tissus d’un vert sombre qu’il disait “ininflammable”. Le drôle de personnage, avec un air malicieux et de grands gestes théâtraux, usait de toute son adresse pour captiver l’attention des passants.
Peu après, Caevanne aperçut la muraille délimitant le sud de la ville ainsi que la grande porte donnant sur les champs qui s’étendaient en contrebas dans la vallée.
Progressivement, les marchandises exotiques se faisaient de plus en plus rare. Caevanne retrouvait peu à peu le petit marché de son village. Elle reconnaissait autour d’elle toutes ces choses essentiel à ses yeux : de la farine, du pain et du poisson en abondance. Il y avait également de la viande de porc et de mouton dont les humains étaient particulièrement friands. Elle aperçut même, dissimulé entre deux étalages, un cordonnier qui présentait une grande variétés d’étoffes teintées, des vêtements en laine et différentes peaux de bêtes.
Thilas s'approcha du boulanger et demanda quelques miches de pain. Piochant dans l'étalage, l'homme dévisagea un court instant Caevanne, ses longues oreilles, sa peau d’albâtre et reporta finalement son attention sur les pièces qu'on lui tendait. La jeune elfe constata que la même scène se répétait presque à chaque fois qu’elle s’arrêtait.
-Il nous faut aussi de la viande, on en trouve dans la rue suivante, l’informa Thilas.
Lorsque le boucher l’aperçu, Caevanne constata avec irritation qu’il manifestait à son égard ce même regard plein de curiosité mêlée d’ironie. La situation devenait pesante et la jeune elfe reporta machinalement son attention sur la viande déposée à même l’étalage.                                                                                                                
Caevanne ne comprenait décidément pas la réaction de ces humains. N’avaient-ils donc jamais vu d’elfes? En s’éloignant, elle remarqua de nouveau les regards curieux portés sur ses oreilles si différentes de celles des autres. Agacée, la jeune elfe s’apprêtait à prendre la parole mais Thilas la devança.
-Le dernier contact que les hommes ont eu avec les elfes remonte à la première invasion, il y a 15 ans. Aujourd’hui, votre arrivée sur le continent inquiète, les gens ont compris que, quelque par dans le monde il y a de nouveau la guerre. Jusqu’à présent, personne ne croyait vraiment les rumeurs que certains racontent, que les régions de l’ouest sont attaquées.
Ce que disait Thilas n' était pas très rassurant mais tout deux repartaient déjà, empruntant une ruelle moins fréquentée. Comme il le lui avait proposé, ils remontèrent vers le port.
En traversant ces étroites ruelles, Caevanne se remémora le parcours fait la veille en compagnie des gardes. L’espace d’un instant, un frissonnement la traversa. L’inquiétante apparition qu’elle avait surprit dans une allée semblable à celle où elle se trouvait à présent venait de ressurgir dans son esprit. Plus elle y repensait, moins cette inquiétante silhouette sombre lui semblait réelle. Admettant que la fatigue du voyage lui avait joué un tour, elle décida finalement de ne pas en faire par à Thilas.
Apercevant les quais puis la grande étendu d’eau, Caevanne sentait à présent le vent de la mer lui caresser le visage. Elle était fascinée par ces grands navires qu'elle avait aperçu dans l'ombre, la veille. La hauteur des mâts était surprenante, comparable à celle des grands arbre de la forêt qui entourait son village. Thilas s’arrêta.
-Regarde. Elle est là.

mercredi 10 septembre 2014

Scène 8

Chapitre 1 : Une nouvelle vie
Scène 8


Marchant aux cotés de Thilas, la jeune elfe faisait attention de rester près de son guide craignant de se perdre dans la foule. Elle observait la ville avec intérêt. Dans le village où elle était née, il n’y avait que de petites habitations. Ici, les maisons à colombage étaient construites sur deux ou trois étages. Le torchis des murs, à l’origine beige, se trouvait à présent noirci d’une fine couche de suie accumulée au fil du temps. Sur ces façades, la jeune elfe aperçut de nombreuses enseignes indiquant les différents magasin de la rue. Ici, tout était plus grand par rapport au petit village qu’elle avait connu et la possibilité de trouver ses repères la rassurèrent.
L’expression d’émerveillement qu’avait son visage n’échappa pas à son guide qui guettait silencieusement chacune de ses réactions.
- Quand on est ici, dans cet endroit qui paraît si insouciant, je comprends pourquoi certains problèmes sont enterrés, certaines personnes oubliées.
Devant l’air interrogateur de Caevanne, il  expliqua :
- Dans la ville basse, la situation est critique et personne à la citadelle ne fait rien pour arranger les choses.
La ville basse? La citadelle? Caevanne ne voyait pas de quoi il voulait lui parler. Il remarqua son incompréhension et la mit sur la voie.
- La ville basse, c’est la vieille ville, c’est là que se trouve le marché où l’on va. Ici, c’est comme ça que tout le monde appelle ce quartier.
Il reprit.
- Je pense que c’est une bonne chose que le marché soit resté dans la vieille ville. C’est le seul endroit où la citadelle et ses gardes ne contrôlent pas tout. Actuellement, le lien qu’ils ont avec Glen, le comte de la ville, est de plus en plus faible.
Les gens se retournaient sur leur passage en les entendant parler elfique. Thilas baissa encore le ton de sa voix avant de poursuivre.
-Tu sais, je crois par exemple que, pour ton arrivée et celle des autres elfes, personne n’a été mis au courant, la citadelle agit de plus en plus discrètement ces temps-ci.
Caevanne ne comprenait toujours pas exactement ce qu’était la “citadelle”. Thilas n’avait dans tous les cas pas l’air d’apprécier la chose. Caevanne se lança.
- Il y a quelque chose que je ne comprends pas.
Elle faisait attention à ne pas paraître trop curieuse. Elle avait appris, suite aux révélations qu’il lui avait fait la veille quant à ses origines, qu’il fallait qu’elle soit prudente lorsqu’elle le questionnait, pour ne pas tomber sans le savoir sur un sujet à éviter.
-Qu’est ce que c’est la “citadelle”?
- On la verra au retour, je t’en parlerai à ce moment là.
Caevanne n’insista pas et contempla la ville qui s’étendait en contrebas. Loin devant eux, elle aperçut une tour qui dominait ce que l’on appelait donc la ville basse. Son guide lui expliqua que c’était la tour de Glen, là où lui et les autres personnalités politiques de la vieille ville siégeaient.

mercredi 25 juin 2014

Scène 7

Chapitre 1 : Une nouvelle vie
scène 7


Le lendemain, c’est la lumière du jour qui réveilla la jeune elfe.
L’espace d’un instant, Caevanne n’aurait su dire où elle se trouvait. Puis, elle se rappela de son arrivée parmi les humains, de l’auberge et de la famille qui l’avait accueillie. Se redressant, elle regretta de ne pas être aussi matinale que l’était autrefois son père.
Le soleil était bien haut et des voix qu’elle reconnut se firent entendre par la fenêtre. Jetant un regard dans la cour, la jeune elfe aperçut Thilas et son père, Ogan. Tous deux tiraient une lourde charrette contre le mur de la cour.
Caevanne descendit l’escalier et arriva dans la cuisine. Jolianne était là, occupée à préparer du poisson pour le déjeuner. Remarquant sa présence, celle-ci lui servit une tranche pain qui accompagnait une soupe de légume dans un bol de céramique. Portant le bol à ses lèvres, Caevanne se demanda ce qu’allait lui réserver cette première journée à l’auberge.
Dans la grande salle voisine, Leonna nettoyait discrètement les tables à l’aide d’un chiffon. Thilas revenait de la cour et entra dans la cuisine chargé d’un sac de légumes. Jolianne lui fit signe de rester.
–Mon grand, je voudrais que tu ailles au marché et que tu me rapportes du pain et de la viande. Tout en observant Caevanne, elle reprit.
-Tu peux en profiter pour montrer un peu la ville à notre invitée.
Elle avait toujours ce grand sourire sur le visage.                                                                             
-D’accord. On pourra y aller dès qu’elle sera prête.
Thilas évitait de croiser le regard de Caevanne et elle se demanda si ce n’était pas à cause de la discussions qu’ils avaient eue la veille.
Se levant, elle s’apprêta à le suivre, mais Jolianne l’arrêta.
-Tiens prend ça, je ne voudrais pas que tu aies froid.
Elle lui tendit une épaisse peau de bête que Caevanne ne sut identifier. La jeune elfe la mit sur ses épaules tout en la remerciant. Elle traversa la grande salle, se hâtant de rejoindre Thilas qui l’attendait déjà dehors.
–Il faut descendre la rue, le marché se trouve au sud de la ville. Si tu veux au retour on pourra passer par le port.
Face à eux dans la cour, un homme à cheval avec une quantité étonnante d’affaires s’approcha, c’était un voyageur. L’ayant aperçu de l’entrée, Leonna vint à sa rencontre. La jeune elfe n’eut pas l’occasion d’entendre l’homme se présenter dans la langue locale, elle et son guide se trouvaient déjà dans la grande rue pleine de monde.

dimanche 15 juin 2014

Scène 6


Chapitre 1
scène 6



On la conduisit donc à l’étage, il y avait là un nouveau couloir, plus étroit cette fois, il donnait seulement sur deux autres pièces.
Jolianne les lui présenta.
-Voici la chambre de Leonna et là, c’est la tienne.
Elle ouvrit la porte qui leur faisait face et fit signe à Caevanne d’entrer. Derrière elle, le jeune 
garçon lui succéda le pas, un bougeoir à la main.
Jolianne se retourna vers eux.
-Je vous laisse, je redescend à la cuisine, Ogan a besoin de moi.
Adressant un bref sourire à son invitée, jolianne fila dans le couloir avant que quiconque n’ai le temps de lui répondre. 
La chambre dans laquelle ils se trouvaient n’était pas grande mais la jeune elfe jugea qu’il y avait largement assez d’espace pour elle. Un lit se trouvait dans un coin, près d’une table de chevet. S’asseyant dessus, elle observa la pièce en détails tandis que Thilas déposait le bougeoir à ses côtés. De l’unique fenêtre de la pièce, Caevanne aperçu la cour de l’auberge ainsi qu’une partie de la rue principale.
Le jeune homme était resté à la porte et, au moment où il s’apprêtait à la laisser seule, la bougie s’éteignit. Dans la pénombre, la jeune elfe fut envahie un bref instant par la peur, puis, d’un geste nerveux de la main, ralluma le bougeoir.
Remarquant que Thilas était toujours là, elle observa sa réaction. La flamme qu’elle venait de faire apparaître semblait l’intriguer.
Elle s’expliqua.       
-On m’a apprit les bases.
Caevanne ne savait pas si celui-ci la comprenait mais il ne tarda pas à répondre.
-Je vois. Ce n’est pas donné à tout le monde.
Tout comme sa mère, il parlait sans aucune difficultés dans sa langue.
– En venant ici, je ne pensais vraiment pas arriver dans une famille où l’on parle ma langue. Beaucoup de gens la comprennent dans la région? Je suis curieuse de savoir si il y a déjà des elfes ici.
Il hésita un instant, la question semblait le gêner. La jeune elfe ne le pressa pas.
–Ici, quasiment personne ne connaît cette langue. Il n’y a, dans cette ville, essentiellement que des humains.
Il fit un arrêt et reprit.
-Tu te demande sans doute comment il se fait que je parle et comprend ta langue. Chez moi ce n’est pas très apparent mais, tout comme toi, je suis un elfe. Ogan et Jolianne ne sont pas mes parents.
Poussant ses cheveux de la main, il découvrit de petites oreilles pointues semblables à celles de la jeune elfe. Celle-ci ignorait ce qui avait bien pu se passer et jugea très imprudent de poursuivre la conversation.
Elle acquiesça simplement d’un signe de tête.
-Je vais te laisser, il faut que je fasse un tour à l’écurie.
Lui adressant un sourire amical, il tourna les talons et ferma la porte derrière lui, la laissant seule.
Caevanne sentit peu à peu la fatigue tomber sur elle. S’allongeant sur le dos, la jeune elfe fixa le plafond de la chambre.
Elle redoutait ce moment, l’instant où son esprit, libre de réfléchir, lui rappellerai le cauchemar qu’elle avait vécu quelques jours plus tôt. Des images de la forêt qu’elle avait traversé en courant lui revenaient. A ses côtés il y avait aussi d’autres elfes qui, tout comme elle, étaient terrifiés. Ils étaient poursuivit par des chiens, elles les sentait tout près derrière eux. La première bête avait surgit de l’ombre la gueule grande ouverte. La jeune elfe se rappela d’un vieillard. C’est sur sa jambe que la gueule du chien s’était rabattue. Son hurlement résonnait encore dans la tête de la jeune elfe. Il y avait eu ensuite ce grand et long silence assourdissant, ce silence de mort qui l’avait accompagné jusqu’ici.
Sans qu’elle  s’en aperçoive, sa respiration s’était accélérée et Caevanne eu beaucoup de mal à reprendre son souffle.
Elle avait tout perdu, le royaume des elfes n’existait plus, elle n’allait sans doute jamais revoir ses parents et se trouvait à présent seule, au milieu de nul part. Se retournant à plusieurs reprises elle alla jusqu’à se demander si sa vie avait encore un sens. Qu’attendait elle à présent ? Tendis qu’elle retournait encore et encore ses pensées, son esprit s’embrumait peu à peu, elle fini par s’endormir, tant bien que mal.
 
***